L’efficacité et la précision du tennis de Daniil Medvedev (n°8), finaliste du Masters 1000 de Montréal et du tournoi ATP 500 de Washington, sont sensationnelles. Par ailleurs, il a une petite particularité technique qui fait de lui un joueur unique. Analyse…
«Ce gars est une machine», avait commenté Nick Kyrgios (n°27) après avoir battu Daniil Medvedev (n°8) pour remporter le titre à Washington, il y a quelques jours. En effet, le Moscovite de 23 ans est véritablement impressionnant. La première chose que l’on remarque en le voyant jouer de près, c’est que le garçon est un géant : 1 mètre 98 pour 85 kilos, soit les mêmes mensurations qu’un Zverev ou un Cilic. Pourtant, si vous n’êtes pas à moins de deux mètres de lui, vous ne vous en rendez pas compte, il bouge si bien qu’il semble nettement plus petit, surtout à la télévision. Medvedev est totalement structuré pour être efficace au plus haut niveau, sans fioritures, sans concession au soi-disant «beau style». La balle se déplace à une vitesse effrayante, avec puissance et rapidité, à la fois au service, en coup droit et en revers.
Si vous observez bien le jeu du Russe, vous verrez qu’en coup droit, sa principale caractéristique technique est la linéarité. Sa raquette passe juste au-dessus de sa tête, puis elle reste au niveau de l’épaule (et de la balle) jusqu’à la fin du geste. Cela lui permet de frapper des coups qui ne reviennent quasiment jamais. La tête de raquette est amenée vers la balle en phase montante, et l’allongement bras-raquette est toujours parfaitement aligné sur la balle elle-même, qu’elle soit basse, à hauteur de hanches ou haute. On retrouve la même linéarité sur le revers de Medvedev, de la phase de préparation à la frappe. Ici aussi, la propreté géométrique du coup parle d’elle-même. Soyez curieux et observez les gestes du Russe lors de son prochain match ! Même la volée et le service de Medvedev sont dépourvus de mouvements inutiles. Tous les leviers sont utilisés correctement, ni plus ni moins. Pour vous aider à visualiser tous ces éléments et à comprendre la particularité technique dont nous avons parlé en introduction, voici ci-dessous une petite vidéo d’un entraînement du jeune joueur russe.
Sur cette vidéo, nous pouvons voir que Medvedev, quand il passe d’une prise très fermée en coup droit à une prise fermée en revers à deux mains, le fait en tournant la raquette dans le sens contraire des aiguilles d’une montre. Normalement, les joueurs font le contraire ! Cela signifie que Medvedev frappe la balle avec le même côté de la raquette, en coup droit comme en revers, ce qui est extrêmement rare (l’Espagnol Alberto Berasategui le faisait mais pour d’autres raisons). Cependant, àla fin de la vidéo, nous voyons que pour frapper un revers à la suite d’un service, il change de prise de manière standard, avec une raquette tournée vers l’avant ou dans le sens des aiguilles d’une montre, comme tout le monde. L’inertie du mouvement qui ramène naturellement la tête de la raquette vers la gauche facilite probablement le changement de prise et le rend plus naturel. Il n’en reste pas moins que le Russe est capable, à un niveau professionnel et surtout à la vitesse à laquelle va le tennis de nos jours, de faire pivoter le cordage et la poignée dans un sens ou dans l’autre, selon les situations. Il faut une dextérité manuelle, une sensibilité, un instinct et un touché de balle extraordinaires pour accomplir cette prouesse. En fin de compte, Medvedev est le dernier représentant de ce que certains appellent des «vilains petits canards», pour l’ensemble des mouvements moins harmonieux et élégants que les autres joueurs. Pourtant, cela importe peu d’avoir des mouvements moins «beaux», qui ont moins de style. En effet, si vous êtes capables de frapper des coups à plat des quatre coins du terrain, avec une facilité déconcertante, et que cela vous permet de faire partie des dix meilleurs joueurs au monde, c’est suffisant.
Nul doute qu’il faudra suivre Daniil Medvedev de près lors du prochain US Open, lui qui semble être le joueur le plus régulier de l’été, avec déjà deux finales en deux tournois de grande importance dans la préparation au dernier tournoi du Grand Chelem de la saison. Le dernier Masters 1000 avant l’US Open se dispute cette semaine à Cincinnati, et le Russe sera encore en lice ce jeudi pour jouer les huitièmes de finale. S’il se qualifie, il pourrait se frotter au Suisse Roger Federer (n°3) en quarts, ce qui serait un vrai test pour lui à ce moment-là de la saison. Quoiqu’il en soit, nous suivrons ce joueur de près en fin de saison pour voir s’il confirme son état de forme du moment.
Crédit photos : @josemorgado, @WeAreTennisFR, @dsportnews_fr
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